vendredi 21 août 2009

Littérature japonaise : Junichiro Tanizaki

Voici l'un de mes auteurs japonais préférés : Junichiro Tanizaki (1886-1965).

D'après ce que j'ai pu lire d'auteurs japonais, lui possède vraiment son style personnel. Ses romans, je pense - mais je n'ai jamais fait de blind test :) -, sont reconnaissables entre mille :
- une écriture qui est un plaisir à lire
- une histoire tournant toujours autour de la vie des protagonistes (pas de héros, pas de situation exceptionnelle)
- avec toujours en toile de fond : les relations au sein des couples et des familles, et l'opposition ou la cohabitation ou l'attrait japon - occident
- un rendu exceptionnel des sentiments, des états d'âme et de la difficulté à prendre des décisions
- un amour des situations de non-dit, d'implicite et de convention sociale (très japonais)

J'ai lu plusieurs livres de Tanizaki : La Clef, Un Amour Insensé, Quatre Soeurs et Some Prefer Nettles (en français le titre est "Le goût des orties"), et je les ai tous aimés. Plus précisément, après avoir lu le premier (La Clef), je me suis demandé si c'était un génie ou juste un bon livre d'un auteur moyen. Pour en avoir le coeur net, j'ai lu un autre livre, et mon opinion est faite : je place cet auteur sur le même plan que Zola, c'est dire ! (j'adore Zola)

Le meilleur est Quatre Soeurs, un long roman traçant la vie d'une famille japonaise de rang social élevé (haute bourgeoisie), à Osaka, sur une dizaine d'années, avec les événements de la vie de tous les jours qui les affectent : trouver des prétendants et marier les deux soeurs les plus jeunes, soutenir leur rang social et les apparences malgré des moyens de moins en moins brillants (la soeur la plus âgée), les manières un peu trop modernes de la plus jeune soeur, la grande inondation, etc. J'ai vraiment adoré, et je le recommande chaudement ! On est transporté à une autre époque, d'autres moeurs, d'autres façons de réfléchir et de concevoir et sentir la vie, ...

La Clef est centré autour d'un couple dont l'homme a besoin de sentir sa femme désirée par d'autres hommes pour être attiré par elle ! Suspect à première vue, le livre est réussi par l'atmosphère de l'écriture (le roman est présenté comme une succession d'extraits des journaux intimes de chaque époux), et par le double-triple jeu : je sais qu'il fait ça, mais il ne sait pas que je sais qu'il le fait ; je ne fais pas ci, mais en fait si, etc.

Un Amour Insensé est l'histoire d'un homme qui tombe sous le charme d'une jeune serveuse, la prend comme maîtresse de maison puis comme femme et la pousse vers toutes les choses occidentales : tango, habits occidentaux, bars, apprentissage de l'anglais, etc. Puis elle commence à mener une vie dévergondée, le fait tourner en bourrique, le fait le sentir à la fois inférieur (en relations sociales) et supérieur (en morale). Très marquant pour l'attrait et les dangers de la culture occidentale sur la société nippone.

Enfin, Some Prefer Nettles est à propos d'un couple dont l'homme et la femme sont indifférents l'un à l'autre et ont fini par vivre ensemble mais comme séparément. L'homme autorise sa femme à avoir des amants, lui-même fait des tours dans des maisons de plaisirs, et ils ont décidé de divorcer. Mais aucun ne souhaite vraiment être à l'initiative, et la situation perdure, se dégradant peu à peu. Ce roman traite en fait de deux choses : la vie en couple et la difficulté de la séparation, et l'attrait pour la culture japonaise traditionnelle (théâtre traditionnel, shamisen, etc.) lorsque l'on vieillit, avec notamment la place d'Osaka dans la perduration de cette culture japonaise malgré les assauts lentement irrésistibles de la culture occidentale.

Quant à lui, Tanizaki a eu une vie très particulière, et je vous renvoie à Wikipédia pour cela :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jun%27ichir%C5%8D_Tanizaki
Vous retrouverez notamment des traits de sa vie personnelle dans les résumés des livres ci-dessus...

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