dimanche 30 mai 2010

2010-04-22 Lijiang Vieille Ville

Ce matin sera consacré au trajet entre Dali et Lijiang : 3 à 4h de bus en perspective.

Heureusement, les paysages traversés valent le coup d'oeil. Tout d'abord, tant que l'on reste dans la vallée de Dali et du lac Erhai, l'architecture Bai est présente, et les villages ou petites villes alternent avec une multitude de champs et une non moins multitude de paysans y travaillant. On se rend vraiment compte de la différence entre ces paysans et ceux de nos pays occidentaux : ici, tout ou presque se fait à dos d'homme ou de vélo ou de brouette ou de vélo à charrue. J'ai pu apercevoir seulement deux fois un boeuf faisant office de force motrice ! Tout les autres semblaient avoir une sorte d'araire pour retourner leurs champs.

La route empruntée par le bus est appelée autoroute, mais ça ressemble bien plus à une route nationale (mais avec de rares péages), avec en plus toute sortes de véhicules très lents circulant sur les extrémités de la route : vélo, âne, petite camionnette, et piétons (souvent portant un fardeau sur le dos). C'est un miracle qu'il n'y ait pas plus de morts sur leurs routes... surtout qu'ici, pour dépasser, c'est un peu la loi de la jungle : c'est le plus fort ou celui qui a une mercedes qui dépasse, et les autres s'arrangent pour l'éviter, par exemple en se rapprochant dangereusement des bords de la route et des vélos, piétons et autres. Comme on est dans un bus, ça va, on a l'avantage de la dissuasion, mais qu'est-ce que ce doit être flippant d'être dans une petite camionnette... En plus, le dépassement est quasi constant car les différentiels de vitesse entre les véhicules sont considérables ; souvent, les gros camions de chantier chargés de pierres ou de terre ont du mal à atteindre les 30, alors que les différentes sortes de bus sont parés pour les 100...

Une fois la vallée dépassée, l'ascension commence, et les champs et villages laissent la place à des paysages semi-désertiques à la terre très rouge et aux villages très pauvres ; les habitations n'ont plus la belle architecture Bai ; cela a laissé place à des murs en sorte de mélange de terre et d'autres choses. Il semble que pas grand chose ne pousse par là...

Puis on redescend dans la vallée suivante, et les champs en terrasse font leur apparition :Pas mal ! En plus, cela dure sur pas mal de temps :)

Puis on passe par la seule grande ville entre Dali et Lijiang :
Entre cette ville et Lijiang (50km), se succèdent les petites villes ou villages et les champs et champs de riz, mais à plat :
Puis, c'est une petite montée sur les collines qui séparent cette grande vallée de la vallée de Lijiang, l'occasion de quelques photos encore :

Ca y est ! On est à Lijiang ! Enfin... pas dans la vieille ville ; pour l'instant on est dans une ville chinoise typique, et on est surpris par la taille : on s'attendait à un truc bien plus petit...
Une fois notre chemin repéré, après plusieurs échecs mineurs (malgré le gps de l'iphone d'Aurélien !), on arrive enfin, après une bonne demi-heure de marche, dans la vieille ville, et on n'est pas déçus : ça a l'air pas mal du tout :)

Mais boulot d'abord : trouver l'auberge de jeunesse réservée dans ces méandres de petites rues... On se débrouille plutôt bien, mais une fois arrivés à l'auberge, et sur les conseils d'Aurélien, on décide de changer de logis : les dortoirs sont vraiment spartiates, les toilettes communes infâmes, et les chambres doubles seraient acceptables, mais Aurélien pense, et avec raison, qu'on peut avoir mieux ailleurs.
En plus, avec le sacré nuage de cendres, tous les touristes européens sont encore bloqués et ne peuvent arriver, donc il doit y avoir pléthore de places dans les guest house !

Aussitôt dit, aussitôt fait, on trouve une autre auberge tout à fait sympathique, aux chambres agréables et aux toilettes convenables, et à peine plus chère (la chambre double à 12 euros, ramenés ensuite à 10 euros au lieu des 9 euros de l'auberge réservée). Bon, ils ne parlent pas un mot d'anglais, mais c'est ça la Chine, et cela nous donne l'occasion de pratiquer la langue :)
Photo de notre résidence, à l'architecture style Naxi :

A Lijiang, et dans la région autour, ce sont les Naxi la minorité dominante. Les Naxi ont la particularité d'avoir eu des moeurs assez libres voire matriarcales, ce qui a posé quelques problèmes lors de l'assimilation des coutumes Han (les chinois majoritaires). Par exemple, il n'y avait pas de mariage en tant que tel : les unions étaient temporaires, et les femmes élevaient les enfants résultant de ces unions ; le nom se transmettait de mère en enfants. L'homme allait vivre chez la femme lors de la durée de leur couple, puis rentrait chez lui (habitant souvent avec ses frères). Au-delà de Lijiang, vers le Sichuan, il y a des Naxi ou les conseils de sages étaient uniquement composés de femmes, qui prenaient les décisions de la vie du village. Ces coutumes ont disparu (sauf dans quelques villages d'irréductibles, vraisemblablement assez isolés) peu à peu, et autant dire que la révolution culturelle n'a pas aidé à les maintenir.
Cette minorité Naxi est connue aussi pour sa religion Dongba et son écriture hiéroglyphique qui fut l'écriture hiéroglyphe ayant perduré le plus longtemps. A présent, seuls quelques personnes sont "fluent" en Dongba, les connaissances et les textes ayant été pas mal détruits pendant les années 1960, mais la situation est stabilisée.

Place maintenant aux déambulations dans la ville !

Des vendeuses de fruits et de galettes de pomme de terre (dont Aurélien fera presque une orgie) :
L'un des innombrables cours d'eau parcourant la vieille ville :
Deux occidentaux sur un pont de pierre :
Deux occidentaux à l'orientation non concordante :
L'une des deux places principales de la vieille ville ; celle-ci est l'ancienne place du marché :
Ruelles, et panneaux indicatifs touristiques sur des télés à écran plats et tactiles !
L'heure du repas a sonné, et on se décide pour la pizza locale (pizza Naxi), et pour du yak frit à la menthe (on agrémentera le tout d'une énorme soupière de soupe à la chinoise : tomate, oeuf et herbes, le tout dans un bouillon quasi transparent) :
La grand-rue de la vieille ville, qui joint les deux places principales entre elles ; une balayeuse en uniforme :
Arrivée à l'autre place principale, l'un des points d'entrée dans la vieille ville (et là où débarquent les cars de touristes chinois) :
Photos de la place :Ah ! mais que vois-je : l'homme à gauche sur la photo ci-dessus n'est autre que Richard, le guide anglophone qui aborde les touristes occidentaux par "hello, I'm a native, a Naxi native, do you want to visit a real Naxi village ? or go hiking in the mountain ? or perhaps do you want to taste nice chinese tea ? etc. etc." Il a réussi à nous aborder trois fois en trois jours ! C'est dire s'il doit réussir à proposer ses services à 100% des touristes occidentaux. D'ailleurs, quand on lui a fait remarquer que c'était la troisième fois, il a dit "that's good, people need to think before wanting to go on a trip, so they think after the first time, after the second time, and then third time they accept !" Mais nous pas... d'ailleurs, à cette troisième, fort de nos quelques jours passés à Lijiang, Aurélien lui a même proposé nos services pour lui faire visiter des Naxi village et lui faire découvrir des belles randonnées :) Il a bien rigolé, du coup la quatrième fois il nous a reconnu, et nous a même demandé comment s'étaient passées les gorges du tigre ! comment a-t-il eu l'info qu'on en revenait, cela restera un mystère... Lijiang doit rester un village pour les "native"...

Joseph et Aurélien, discutant avec Richard lors de notre première rencontre, devant de belles demeures (restaurants) :
Pas mal de restaurants, tant à Dali qu'à Lijiang, ont un étal de légumes, où viennent piocher les cuistots lorsqu'un client commande un plat avec des légumes ; on peut donc avoir un aperçu de la fraîcheur de ce que l'on aura dans l'assiette :
La rue qui mène de la place principale vers l'étang du dragon noir (j'adore les noms) :
Les nombreux marchands de fruits (fraises, cerises, ananas, pastèque, oranges) :
Encore et toujours les arbres peinturlurés (il faudra vraiment que l'on m'explique la raison) :
La rivière, avec quelques petites cascades ; c'est elle qui se subdivise en de multiples cours d'eau dans la vieille ville :
Presque la campagne :)
Belle cascade à côté de l'entrée du parc de l'étang du dragon noir :
Comme l'entrée est à 8 euros, on laisse tomber, et on continue en empruntant des petits sentiers sur la colline. Et là, comme à Dali, le contraste entre les rues touristiques, très belles, et les détritus qui jonchent la nature environnante, est saisissant et choquant :
Aah la Chine : la vitrine est belle, mais l'arrière-cour reste à mettre à niveau.
Cela ternit un peu la beauté de ce que l'on voit par ailleurs, et montre vraiment la nécessité de ne pas visiter par tour operator qui ne montre que les façades...

Petite rue de Lijiang non loin du centre, avec le porter à la chinoise des deux seaux :
On retourne vers le centre et ses belles rues propres :
L'une des rues de restaurants avec concerts live ou karaoke, très animée le soir (et très bondée) :
Sur la droite, le costume traditionnel blanc et rose :
L'eau est vraiment partout, d'ailleurs Lijiang est l'une des multiples cités surnommée "la Venise de X", en l'occurrence X=Chine ou Yunnan. :
Retour sur la vieille place du marché, où se trouve régulièrement un fauconnier ! (Spil avait sans doute réservé des chambres dans son auberge...) :
La femme à droite porte un bébé sur son dos à la façon traditionnelle :
La vieille ville est plutôt plate, sauf les ruelles qui montent sur la colline à laquelle elle est adossée :
Vue du haut de la colline et du parc : on voit l'étendue de la vieille ville !
Sur la photo ci-dessus, la superficie de la maison Mu ressort (demeure des anciens dirigeants du royaume de Lijiang).

Le bâtiment que la ville a construit dans le parc, au sommet de la colline, après que Lijiang soit classée au patrimoine mondial de l'Unesco :
La traditionnelle cloche avec bélier :
et le traditionnel tambour :
Retour vers le centre :
Sur la place du vieux marché, en plus du fauconnier occasionnel, se trouvent en permanence des chevaux et leurs maîtres habillés en cow-boy oriental, pour que les touristes puissent faire une balade à cheval et prendre des photos (ça fait assez faux) :
On passe maintenant dans la moitié sud de la vieille ville (au sud de la place du marché) :
Une femme fait sa lessive dans l'un des cours d'eau :
Négociations pour l'achat de cerises auprès d'une vendeuse ambulante :
Entrée de la place devant la maison Mu, la famille dirigeante de l'ancien royaume dont Lijiang était la capitale :
La place devant la maison Mu :
L'un des bâtiments de la maison Mu (construite sur un schéma similaire à la cité interdite, elle comporte plusieurs ensembles de bâtiments, comme c'est visible sur l'une des photos panoramiques ci-dessus) :
Une galerie en hauteur permet aux habitants de la maison Mu de rejoindre leur jardin, situé de l'autre côté de la rue (cela m'a fait très légèrement penser à la galerie à Florence reliant le palais des Médicis à leur hôtel de ville où ils travaillaient) :
L'un des quelques puits de la vieille ville (ils sont à fleur du sol, ce ne sont pas des puits en profondeur) : ils sont divisés en trois bacs, l'un pour laver les légumes, l'autre pour la lessive, et le troisième je ne sais plus... :

Après tant de déambulations dans la ville, et pour fêter comme il se doit les 25 ans d'Aurélien, on se choisit un resto en plein centre (du coup, on aura droit au mélange des sonorités musicales en provenance des différents restos de la rue), et voilà l'un des plats :
Eh oui ! Une grande assiette d'insectes et de larves grillés ou frits !
Pas si mal que cela ; on n'a pas finit l'assiette, mais on n'en était pas loin.
Pour contrer les tendances des mecs à ne prendre que des plats très exotiques, je choisis des plats plus banals, et on aura notamment droit à un succulent plat de poulet à la sauce sweet&sour, servi cette fois avec de la pastèque ! (en général, c'est agrémenté de poivrons, oignons et ananas), ainsi qu'à un très bon dessert d'ananas grillé.
Le Yunnan étant très au sud, ils ont pas mal de fruits exotiques, contrairement à ce que l'on aurait pu penser en se focalisant sur la proximité avec le Tibet : le Yunnan est le pays à la fois du Yack et du thé au beurre de Yak, et des pastèques, des ananas, des fraises et des cerises.

Puis, comme à Dali, la vieille ville s'illumine dès la tombée de la nuit :