samedi 29 août 2009

2009-08-26 Koishikawa Koraku-En

Le troisième et dernier parc de la journée est le plus connu de tous, car il est classé dans deux catégories du gouvernement japonais (site exceptionnel et site historique de première catégorie) ce qui est trèèèès rare.

Il est un peu plus central que les deux autres, un peu trop central en fait...voici le voisin du Koishikawa Koraku-En : "the" parc d'attraction de Tokyo :Admirez comment les rails du grand 8 enlacent le grand centre commercial, et notez bien le trou de mur dans lequel il passe !
Arrivée au parc, on aperçoit le fameux Tokyo Dome, sorte de géante soucoupe volante blanche :
Le Tokyo Dome est le stade de baseball de Tokyo (je rappelle que le baseball est le sport numéro 1 au Japon, donc c'est l'équivalent du Parc des Princes ou du Stade de France), et lorsqu'il n'y a pas de matches, plein d'autres choses prennent le relais.
En ce mercredi, il y avait foule, pour je ne sais quel concert ou spectacle, et les musiques du Tokyo Dome combinées aux hurlements des visiteurs du parc d'attraction ont nuit notablement à la délectation du jardin : les yeux étaient repus, mais les oreilles étaient bien loin d'être zen...

Vous n'aurez pas le son, appréciez donc les vues !
L'étang central et sa pierre et rochers :
De façon beaucoup plus prononcée que dans les deux jardins précédents, la nature du parc s'entremêle de la modernité et de l'urbanité de la ville autour.Ce jardin est classé notamment en raison de cette deuxième pièce d'eau qui faisait partie non du jardin principal, mais du jardin intérieur, séparé du premier par une porte en arche. D'après le prospectus, il reste très peu d'exemples de ces jardins privés au Japon.
Si la riche famille y habitait encore, leur jardin intérieur ne serait plus très intime : les yeux de centaines d'employés ou d'habitants pourraient se poser sur eux...:
Retour dans la partie principale, avec la traditionnelle crique de pierres et sa lanterne :
Cette maison, qui a survécu à WWII (c'est assez rare pour être noté : quasiment tout Tokyo a été détruit en 44-45), était une maison à saké : confection et dégustation (un bar, quoi!).
Non loin, on reste dans les éléments traditionnels du palais gustatif avec le riz : eh oui, le chef de la famille riche voulait que ses enfants, citadins, n'oublient pas de quoi la vie des vrais gens était faite, leurs racines, et avait installé une parcelle de rizière pour les éduquer dans la riziculture. Aujourd'hui, ce sont les enfants des écoles primaires du coin qui viennent planter puis récolter le riz.
On passe sur la typique colline artificielle au sentier en pierre :
Vue sur la partie terre ferme du jardin (notez les boucles du grand 8 qui dépassent) : les plants de riz à droite, les iris à gauche, et les canaux d'irrigation serpentant partout :
et l'immense glycine :
Le plus beau, c'est tout de même les sentiers empierrés suivant le plan d'eau :
Le gué de pierre si omniprésent, dont un confrère de Kyoto a été rendu célèbre par Lost in Translation :
Le pont rouge vif à la chinoise :
Vue du pont pimpant ; je précise que ce gué de pierre n'est pas le même que sur les photos précédentes (cherchez les 7 différences!) : c'est vraiment un élément récurrent, mais toujours bienvenu, des jardins japonais.
Pierres prêtant à la méditation et crique de galets, avec vue sur le pont de bois rouge vif au loin :
Ce jardin est certes très plaisant, hélas l'environnement sonore - avec notamment les cris de frayeur de ceux sur le grand 8 et autres attractions (mais qui ne crierait pas !) - enlève beaucoup de la beauté et surtout de la sérénité du lieu. Et même au niveau visuel j'ai largement préféré le Rikugi-En, que je recommande chaudement.

Dernière photo de l'entrée détonante de la sortie de métro à Iidabashi, Oedo-sen :

2009-08-26 Rikugi-En

Le second parc de la journée, situé non loin du précédent, est le jardin des poètes : il a été créé à partir d'un type de poème japonais.
Dès l'entrée, je suis totalement séduite (hélas les photos rendent bien moins qu'en réalité) :Les vues de la pelouse centrale sont vraiment magnifiques, on se sent presque au paradis ! En tous cas, on est à mille lieues de l'urbanité, la nature est bien là ! Ce qui est facilité par l'absence de foule.
Une île au milieu de l'étang dont la forme originale est censée permettre d'approcher les puissances mystiques :Une très très ancienne maison à thé (visiblement les murs ne sont venus qu'ensuite) :
Le seconde ceinture autour du lac est plus dense, plus touffue, les cours d'eau serpentent, les arbres penchent, les ponts apparaissent soudain au détour d'un virage, et l'un des sentiers s'appelle "le repère des araignées"...
Entre la forêt, sombre, et la clarté de l'étang et des pelouses centrales verdoyantes et chatoyantes :
On peut monter au sommet d'une colline de 35 mètres (inévitablement, celle-ci s'appelle "mont de la vue sur le Fuji") pour admirer la splendide vue sur une partie du parc :
Un pont de pierre dégageant une atmosphère particulière, sereine :
Un point du parc nous rappelle que l'on est à Tokyo, avec ce beau building en arrière-plan :
Lanterne impressionnante :
Retour dans la partie la plus magnifique :
Je suis tombée sous le charme de ce parc, et je m'étonne qu'il ne figure dans aucun guide !!
Vraiment à voir.

2009-08-26 Kyu-Furakawa Teien

La météo prévoyait du beau temps pour le lendemain, alors j'ai pris mon mercredi pour partir à la découverte de trois parcs de Tokyo que je n'avais encore jamais vus.
Pour rappel, j'ai déjà parlé du Hama-Rikyu Teien, jardin un peu à la japonaise proche de Ginza et Shimbashi/Shiodome, où j'étais allée à la fin de l'hiver dernier et où j'avais assisté à une cérémonie du thé. Aurélien et moi avions adoré la partie japonaise du Shinjuku-Gyoen. Aujourd'hui, direction trois jardins à la japonaise, en premier le Kyu-Furakawa-Teien, situé entre Ikebukuro et Ueno.

Cette demeure était celle d'une riche famille de Tokyo au siècle dernier. La batisse est de style anglais. L'architecte est l'un des anglais les plus connus au Japon, et il y a réalisé de grands bâtiments, par exemple l'une des parties du Tokyo National Museum. Dans l'ancien temps, les demeures à Tokyo comportaient de très jardins, et celle-ci ne faisait pas exception. Sa particularité est double : le domaine a survécu jusqu'à aujourd'hui (beaucoup d'anciennes demeures ont été vendues et parcellisées puis ont donné naissance à des immeubles), et il possède une partie à l'occidentale et une partie à la japonaise.

Voici d'abord la demeure occidentale et son jardin à la française :Puis en contrebas de la colline se trouve le jardin japonais, qui possède toutes les caractéristiques attendues :
- une rivière dans une petite gorge :
- un étang central (plus ou moins en forme du kanji signifiant "coeur") avec des ponts en pierre harmonieux :
- des sentiers de pierre passant parmi des pelouses et des arbres et arbustes admirablement taillés :
- une lanterne géante et de beaux panoramas :
- des rochers disposés sur la terre ferme ou dans l'étang pour créer une composition :
- une cascade :
- une partie de végétation plus dense, façon forêt :
- une cascade de pierre, que je n'ai pas réussi à photographier de façon satisfaisante. Imaginez-vous une cascade, mais ce sont des pierres qui donnent l'impression d'eau vive et d'eau dégringolant de quelques mètres. Les japonais ont l'art du jardin, c'est sûr !

Un joli jardin, à découvrir un jour de détente. J'y retournerai peut-être à la saison de l'automne lorsque les arbres se pareront de mille couleurs, de mille feux...

vendredi 21 août 2009

Littérature japonaise : Junichiro Tanizaki

Voici l'un de mes auteurs japonais préférés : Junichiro Tanizaki (1886-1965).

D'après ce que j'ai pu lire d'auteurs japonais, lui possède vraiment son style personnel. Ses romans, je pense - mais je n'ai jamais fait de blind test :) -, sont reconnaissables entre mille :
- une écriture qui est un plaisir à lire
- une histoire tournant toujours autour de la vie des protagonistes (pas de héros, pas de situation exceptionnelle)
- avec toujours en toile de fond : les relations au sein des couples et des familles, et l'opposition ou la cohabitation ou l'attrait japon - occident
- un rendu exceptionnel des sentiments, des états d'âme et de la difficulté à prendre des décisions
- un amour des situations de non-dit, d'implicite et de convention sociale (très japonais)

J'ai lu plusieurs livres de Tanizaki : La Clef, Un Amour Insensé, Quatre Soeurs et Some Prefer Nettles (en français le titre est "Le goût des orties"), et je les ai tous aimés. Plus précisément, après avoir lu le premier (La Clef), je me suis demandé si c'était un génie ou juste un bon livre d'un auteur moyen. Pour en avoir le coeur net, j'ai lu un autre livre, et mon opinion est faite : je place cet auteur sur le même plan que Zola, c'est dire ! (j'adore Zola)

Le meilleur est Quatre Soeurs, un long roman traçant la vie d'une famille japonaise de rang social élevé (haute bourgeoisie), à Osaka, sur une dizaine d'années, avec les événements de la vie de tous les jours qui les affectent : trouver des prétendants et marier les deux soeurs les plus jeunes, soutenir leur rang social et les apparences malgré des moyens de moins en moins brillants (la soeur la plus âgée), les manières un peu trop modernes de la plus jeune soeur, la grande inondation, etc. J'ai vraiment adoré, et je le recommande chaudement ! On est transporté à une autre époque, d'autres moeurs, d'autres façons de réfléchir et de concevoir et sentir la vie, ...

La Clef est centré autour d'un couple dont l'homme a besoin de sentir sa femme désirée par d'autres hommes pour être attiré par elle ! Suspect à première vue, le livre est réussi par l'atmosphère de l'écriture (le roman est présenté comme une succession d'extraits des journaux intimes de chaque époux), et par le double-triple jeu : je sais qu'il fait ça, mais il ne sait pas que je sais qu'il le fait ; je ne fais pas ci, mais en fait si, etc.

Un Amour Insensé est l'histoire d'un homme qui tombe sous le charme d'une jeune serveuse, la prend comme maîtresse de maison puis comme femme et la pousse vers toutes les choses occidentales : tango, habits occidentaux, bars, apprentissage de l'anglais, etc. Puis elle commence à mener une vie dévergondée, le fait tourner en bourrique, le fait le sentir à la fois inférieur (en relations sociales) et supérieur (en morale). Très marquant pour l'attrait et les dangers de la culture occidentale sur la société nippone.

Enfin, Some Prefer Nettles est à propos d'un couple dont l'homme et la femme sont indifférents l'un à l'autre et ont fini par vivre ensemble mais comme séparément. L'homme autorise sa femme à avoir des amants, lui-même fait des tours dans des maisons de plaisirs, et ils ont décidé de divorcer. Mais aucun ne souhaite vraiment être à l'initiative, et la situation perdure, se dégradant peu à peu. Ce roman traite en fait de deux choses : la vie en couple et la difficulté de la séparation, et l'attrait pour la culture japonaise traditionnelle (théâtre traditionnel, shamisen, etc.) lorsque l'on vieillit, avec notamment la place d'Osaka dans la perduration de cette culture japonaise malgré les assauts lentement irrésistibles de la culture occidentale.

Quant à lui, Tanizaki a eu une vie très particulière, et je vous renvoie à Wikipédia pour cela :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jun%27ichir%C5%8D_Tanizaki
Vous retrouverez notamment des traits de sa vie personnelle dans les résumés des livres ci-dessus...

dimanche 16 août 2009

Littérature japonaise : Kirishima - Mémoires d'un lutteur de sumo

J'avais déjà évoqué dans le billet de janvier 2009, lorsque je suis allée assister à un tournoi de sumo puis ai été dîner du Chanko dans le restaurant de Kirishima, que j'ai beaucoup aimé ses mémoires.

Là aussi, c'est très facile à lire, pas très long, très intéressant, on est vraiment dépaysé ! De plus, les règles et les bases historiques du sumo sont expliquées, ce qui en fait un vrai documentaire. Et les notes du traducteurs ne gâchent rien, car elles permettent d'expliquer des points de culture japonaise qui autrement nous échapperaient totalement.
Je me souviens par exemple d'un moment du livre où Kirishima dit que la famille est quelque chose de très important pour lui. Cela nous paraît banal, mais c'est une opinion presque révolutionnaire au Japon ! Le travail est la première famille, surtout dans le milieu du sumo où l'écurie à laquelle appartient le sumotori l'a entraîné, et surtout a tout payé depuis qu'il l'a rejointe (nourri, blanchi), bref a investi sur lui et sans laquelle il n'est rien.

Ce livre retrace les étapes de vie de Kirishima en tant que sumotori. On ne sait rien de sa vie en dehors du sumo, sauf lorsqu'elle interagit avec le sumo. Un des points marquants est que Kirishima a eu beaucoup de mal à gagner du poids : le sumo, c'est quand même un sport : on dépense de l'énergie, donc il faut manger deux fois plus pour grossir ! Et les repas à la table de l'écurie ne suffisaient pas pour cela. Comme il n'avait pas beaucoup d'argent, il ne pouvait pas s'acheter à manger en quantité au dehors, ce qui a changé à partit du moment où il a rencontré sa future femme, qui s'est mise à lui concocter des énormes steacks de boeuf (et autres) !! Là aussi il s'agissait d'un véritable investissement de la part de sa femme : faut voir le prix du boeuf au Japon !!! même à Noël on n'en mange pas...
Il y a multitude d'autres passages marquants : le village natal qui le soutient et lui offre son tablier de champion lorsqu'il atteint ce stade (ces tabliers valent plusieurs millier d'euros...), la mère de sa future femme qui ne croit pas en lui et pense que sa fille a misé sur le mauvais cheval, les différentes techniques et visions du combat, sa philosophie, les entraînements, la pression médiatique, les montées et redescentes dans le tableau de classement, etc.

Vraiment un beau livre, raconté par un homme qui est considéré comme un demi-dieu au Japon (cf. les 5 raisons pour cela dans mon post de janvier 2009).

Littérature japonaise : Mémoires d'un yakuza

Je modère tout de suite le titre de ce post : ce n'est pas vraiment de la littérature, plutôt un document.

Ce livre retrace la vie d'un ancien yakuza telle qu'il s'est confié à son médecin, à la fin de sa vie. C'est très facile à lire, pas très long, et on découvre pleins de choses sur la mafia à la japonaise : les débuts du yakuza, son ascension et prises de responsabilités, leur but, les codes, etc. Le tout à Tokyo, ce qui est d'autant plus intéressant que l'on connait certains des lieux mentionnés.

J'ai notamment beaucoup aimé le passage où ils s'occupent de lieux de jeu d'argent, et pour qu'il n'y ait pas de "crackdown" de la police, ils s'occupent de la vie du quartier alentour de façon à ce que tout le monde y trouve son compte : eux continuent à gagner de l'argent, et le quartier les tolère car ils les protègent et se chargent de pleins de tâches sociales.

Bonne lecture simple et dépaysante !

Littérature japonaise : Kawabata Yasunari

Ce week-end (15-16 Août) fut dédié à la littérature. Non pas que l'on se soit enfin décidé à écrire quoi que ce soit, ou à participer à quelque salon : notre stock de livres restant à lire s'était considérablement amoindri et ne nous laissait que des livres de haut niveau (The essential of Einstein de Stephen Hawking, The wealth of nations de Adam Smith), que je lirai vraisemblablement en janvier, après avoir pris de bonnes résolutions :).
Donc on est retourné au Kinokuniya de Shinjuku pour se réachalander. Et ce fut une véritable razzia, terminée à la caisse, où on nous a donné un prospectus d'une MEGA SALE (énorme solde) organisée par le magasin. Comme des gens vifs d'esprit, on n'a consulté cette information pourtant de haute importance qu'une fois revenus à l'appart... pour constater que la dite MEGA SALE ne dure que jusqu'au lendemain, et se trouve à 50 mètres de la caisse où nous reçûmes l'information... Qu'à cela ne tienne, le dimanche, nous y sommes retournés !! Et j'ai redévalisé !

Donc voilà, on est de nouveau parés pour quelques temps, surtout si Aurélien continue ses virées dominicales à Book-off, librairie de livres d'occasion, et continue de truster tous les Michael Crichton, passion initiée par un livre offert par son frère : Next.

Cette virée fut l'occasion de me dire que je pourrais dire quelques mots sur les livres japonais que je recommande sur mon blog, donc aussi dit, aussitôt commencé :)

Après cette brillante mise en contexte, voici le premier des auteurs dont je voudrais brièvement parler : Yasunari Kawabata. En résumé, il a vécu de 1899 à 1972 et a eu le prix Nobel de littérature en 1968.
Wikipédia dit :
"Kawabata Yasunari est unanimement considéré comme un écrivain majeur du XXe siècle. Homme complexe et secret, moderniste ancré dans ses traditions culturelles et fin connaisseur de la littérature occidentale, il nous laisse une œuvre d'une beauté intemporelle qui relie l'Orient à l'Occident dans un style d'écriture très personnel.
Tout au long de son parcours littéraire obsédé par la quête du beau, la solitude et la mort, Yasunari s'est attaché à peindre avec sensibilité et pudeur le tragique des sentiments humains.
La grande diversité des thèmes abordés reflète une œuvre aussi variée que cohérente. Certains écrits d'une forme particulièrement brève et d'un dépouillement stylistique extrême donnent à ces récits une puissance évocatrice et suggestive stupéfiante.
Ce sont sans doute ces récits qui expriment de la manière la plus superbe et la plus évidente la quintessence même de l'œuvre de Kawabata."

De Yasunari Kawabata j'ai lu "La danseuse d'Izu", "Kyoto" et "Pays de neige", trois romans assez courts, mais néanmoins plus longs qu'une nouvelle. "Kyoto" et "Pays de neige" ont été cités avec un autre roman lors de la remise du prix Nobel.
Mon bilan est mitigé, et je trouve son prix Nobel assez étonnant, mais ce n'est que mon point de vue de néophyte éclairée (j'espère ne pas me surestimer en disant cela !). Plus précisément, je trouve que c'est un bon écrivain, mais pas de là à être prix Nobel...

En effet, l'atmosphère de ses romans est épurée, éthérée, ses personnages ressortent, mais de là à y apposer les commentaires dithyrambiques ci-dessus, il y a un pas que je ne franchirai point...Les livres se lisent bien, mais me laissent un certain goût d'inachevé, de non totalement abouti, et surtout l'impression qu'un autre auteur, sur le même sujet, aurait pu faire quelque chose de plus complet.

C'est vrai que ses touches successives finissent par brosser un tableau à l'impressionniste d'une situation, d'une partie de la société japonaise, d'un individu. C'est bien raconté, le roman intéresse, mais en lisant Kawabata, je n'entre pas totalement dans l'histoire, je ne suis pas à fond dans le monde décrit : je reste moi, consciente en tant que lectrice d'être dans mon canapé ou mon lit et d'être en train de lire une fiction.

J'ai tout de même mis "Pays de neige" sur ma liste, car c'est celui que j'ai préféré sur les trois lus : je garde en mémoire l'atmosphère de ce petit village de montagne, de la mi-geisha mi-prostituée à la personnalité particulière, de ce tokyoïte qui vient en vacances s'y ressourcer et essayer d'y trouver d'impossibles réponses à des questions implicitement formulées, mais jamais vraiment explicitées (ce qui est courant dans la littérature japonaise, et peut-être plus globalement dans la société japonaise, où il me semble qu'il y a plus de non-dit, d'implicite et de sous-entendu que dans nos sociétés occidentales).
En fait, j'ai plus apprécié ce roman pour l'aspect culturel (façon de vivre, coutumes) et le rendu du village que pour la psychologie des personnages et les situations.


Je vous conseille donc d'essayer plutôt d'autres auteurs !
Je préfère par exemple le style de "Quatre soeurs" de Tanizaki (dont je parlerai dans un post futur), livre que j'ai adoré et grâce auquel j'ai vraiment été transportée dans un autre monde, un autre milieu, d'autres mentalités et à une autre époque.

mardi 11 août 2009

2009-08-11 Tremblements de terre

Bon, comme ça passe dans Google News, je vais parler des deux séismes récents.

Tout d'abord, quelques distinctions issues purement de mon esprit :

0- Violents tremblements de terre : je n'en ai pas vécu ; ce sont ceux où il faut se réfugier sous les tables, où les objets tombent et où il y a des dégâts matériels et éventuellement humains. Contre ceux-là, au bureau, chaque employé a un sac première nécessité qui lui est fourni chaque année contenant toute une panoplie d'objets utiles : bouteille d'eau, boîte de conserve de cacahuètes, couverture de survie, grand k-way, sifflet, rechargeur manuel de batterie de téléphone portable, radio sur la fréquence des urgences, gilet orange fluo pour être vu, lampe-torche, casque de chantier, etc etc.

1-Gros tremblements de terre : depuis que je suis au Japon, soit un an et demi maintenant, je n'ai ressenti que 3-4 tremblements de terre suffisamment puissants pour me réveiller en pleine nuit ou faire bouger l'immeuble dans lequel je travaille.

2- Petits tremblements de terre : pendant la même période il y a aussi eu plusieurs (disons entre 10 et 15) petits tremblements de terre ne faisant pas bouger grand chose à part les lampes suspendues au plafond, et provoquant juste une petite sensation de tournis, jusqu'à ce qu'on se rende compte que c'est seulement un petit tremblement de terre. Ceux-là, si on est en train de marcher ou de se doucher (véridique), on ne les sent pas : on ne les sent qui si on est à peu près immobiles.

3- Minuscules tremblements de terre : il y a des centaines de tremblements de terre que l'on ne sent absolument pas.


Si vous avez un doute sur la situation au Japon, voici le site de référence :
http://www.jma.go.jp/en/quake/


Maintenant, en images !


Etalon : tout petit séisme
Commençons par un tout petit séisme (catégorie 3 ci-dessus) : celui-là, personne ne le ressent.
PS : savez-vous placer Tokyo sur cette carte ? :)

Séisme de dimanche : 7,1 sur l'échelle de Richter
Voici les cartes du gros séisme de dimanche soir, mais entrant seulement dans la catégorie 1 car étant d'épicentre assez éloigné. En fait, il s'agit de deux tremblements de terre rapprochés : à 20h02 et à 20h08. C'était relativement long : quelques dizaines de secondes.
A ce moment-là, Aurélien et moi étions dans une librairie, et je m'en suis aperçue car les étagères de livres et les néons bougeaient, et c'est seulement après que j'ai senti le bâtiment bouger.
Puis un autre un peu plus tard, à 20h25 :

Séisme de ce matin : 6,4 sur l'échelle de Richter
Passons finalement au séisme de ce matin, qui lui aussi est composé de deux tremblements de terre : à 5h13 et à 5h21. Il va sans dire qu'il a réveillé tout le monde à Tokyo, car les bâtiments ont bien bougé. Par contre, toujours à Tokyo, il reste en catégorie 1 dans ma nomenclature ci-dessus. A Shizuoka, à environ 150km au sud-ouest de Tokyo, il était en catégorie 0 car une route a été endommagée, et quelques personnes ont été blessées par des choses leur ayant tombé dessus. Mais ça reste bénin, grâce à la qualité des infrastructures du Japon. Peut-être qu'au Pakistan ou ailleurs, ça aurait été beaucoup plus impactant.
Voici la carte tant attendue :