vendredi 29 mai 2009

2009-05-29 Ueno & Musée National de Tokyo

Aujourd'hui vendredi, j'ai pris ma journée, et mon but est, après avoir pris le repas de midi avec Aurélien (lui travaille) dans son restaurant préféré, d'aller enfin, après plus d'un an à Tokyo, au Musée National de Tokyo à Ueno.

Mais avant, d'abord une belle photo de notre plan de tomates, qui de l'état de toutes petites graines a poussé, poussé, jusqu'à sa belle taille actuelle (notez la fleur !) :Après de folles agapes à Daimaru, au douzième étage de la tour à côté de celle où travaille Aurélien, restaurant italien faisant buffet à volonté le midi: "mass" salades & légumes divers de toute fraîcheur et absolument excellents, un plat de pâte, un plat de risotto et un type de pizza, tout à volonté, puis dessert du jour et café, me voici, alourdie, dans la JR Yamanote en direction de Ueno.

Ueno, qui fait partie de la Shitamachi (ville basse, c'est à dire moins riches que d'autres quartiers de Tokyo), c'est un parc tellement rempli de bâtiments que c'en est à peine un parc (cf. plus bas). Le Musée National de Tokyo s'y trouve en son extrémité nord. Pour faire simple, disons que ce musée est l'équivalent du British Museum, mais réservé à l'Asie, et plus particulièrement bien sûr au Japon. J'ai eu un peu peur en sortant du métro car tout le monde s'y dirigeait ! Heureusement, ils allaient voir l'exposition temporaire du Musée, et non pas ses collections permanentes. J'ai donc pu en profiter dans de très bonnes conditions (chose pas forcément évidente au Japon où les musées sont très fréquentés et où il n'est pas rare d'avoir l'impression de se trouver au centre commercial le premier jour des soldes et de pouvoir à peine voir les oeuvres) !

Ce musée est constitué de 5 bâtiments principaux. J'ai commencé la visite par le Toyokan, qui abrite les collections archéologiques se rapportant à l'Asie, Japon exclu. Chaque salle se rapporte à une région de l'Asie précise: Iran-Syrie-Egypte, Indonésie-Iles du Pacifique, Inde-Pakistan-Afghanistant, Asie du Sud-Est, Chine, Corée. Sont présentés: les outils primitifs, les poteries, les meubles, les bijoux, les armes, des statues, des bouddhas, des tapisseries, et même une momie ! C'est vraiment bien présenté, et la visite se passe agréablement (je ne suis pourtant pas forcément une grande adepte des céramiques...).
D'après les collections exposées, on constate qu'avant une époque récente, les Coréens ne faisaient pas grand chose d'autre que la guerre, que les Iraniens-Syriens et la Chine étaient en avance de plusieurs siècles sur les autres civilisations, mais que globalement il y a une unité certaine, rien qui ne soit structurellement différent d'une région à l'autre : partout on mange dans des bols, partout on utilise des jarres, partout les épées sont présentes, etc. On note aussi que la Chine a énormément influencé le Japon : les estampes japonaises, l'écriture japonaise, les poteries, porcelaines japonaises, les chaussures des geishas (hautes getas) etc., tout cela vient à l'origine de la Chine ! A propos de la Chine, j'ai pu voir deux paires de chaussures pour femme : l'une pour pieds bandés, l'autre pour pieds non bandés, de la même époque : c'est vraiment effrayant...
Photo du Toyokan :
En face du Toyokan se trouve le Hyokeikan avec ses coupoles vert-de-gris et son architecture imposante :
Ce bâtiment abrite des expositions temporaires ; en ce moment c'est une exposition par Cartier. Je m'en détourne pour aller au Horyu-ji Homotsukan (gallerie du trésor de Horyu-ji), bâtiment résolument moderne :
Comme son nom l'indique, y sont exposées les oeuvres qui se trouvaient au temple Horyu-ji. Ce temple a été créé lors des débuts du bouddhisme au Japon, vers l'an 700. Toute la collection date de cette époque : statuettes de bouddha, de Kannon (déesse), décorations, articles religieux. J'avoue que ce n'a pas été la meilleure partie de ma visite : très répétitif (42 statuettes de Kannon, toutes de la même taille et quasiment dans la même posture !), des choses très fragmentaires (bouts déchirés de tissu uni ?). Je trouve au final le bâtiment plus réussi que sa collection, mais ce n'est que mon point de vue de néophyte car pour les archéologues, des pièces aussi anciennes aussi bien conservées, quelle aubaine ce doit être !

Vue de l'entrée du Horyu-ji Homotsukan sur le reste du domaine du musée : à gauche, le Hyokeikan,
à droite on distingue une porte (cf. photo plus bas), qui a beaucoup vécu : après avoir gardé fidèlement l'entrée de la demeure d'un Daimyo (grand seigneur), à Tokyo, elle a été plusieurs fois déplacée avant d'atterrir finalement là. La vraie entrée du musée, il faut le dire, est bien moins classe, mais sans doute plus pratique pour accueillir et manager le flux de visiteurs !Dernière étape de ma visite d'aujourd'hui : le Heiseikan. C'est là que se rend le flot de visiteurs !
La file d'attente est vraiment longue ; même la photo ci-dessous ne la montre pas entièrement...Je suis perplexe : moi qui ne veux voir que les collections permanentes, faut-il vraiment que je me tape toute la queue ?? Heureusement, un gardien du musée voit mon hésitation et, visiblement heureux de parler anglais, me fait passer par la sortie pour shinter l'attente (je ne suis pas seule à avoir droit à ce traitement de faveur bien sûr). Je le remercie en japonais, et - moment de fierté - il me dit que j'ai un très bon accent !
A part des expositions temporaires, ce bâtiment abrite la collection d'archéologie japonaise, équivalent nippon à ce que j'ai vu dans la première galerie (le Toyokan). C'est assez bien fait : une partie est chronologique, de -20,000 à +1800, l'autre partie est thématique : les tombes à l'époque Kofun, les objets importés d'occident pendant la période d'isolation (comme quoi...même au Japon si discipliné, la tentation de l'ailleurs était la plus forte), etc. Maintenant, j'en sais beaucoup plus sur les périodes historiques du Japon, sur l'influence de la Chine et de la Corée, sur la naissance de l'état de droit japonais (basé sur le système légal chinois, vers 700-800), et d'autres ! Et je peux aussi vous annoncer que la technologie de la ceinture n'a pas changé depuis le 10ième siècle !

Après tant d'informations nouvelles, quelques moments de contemplation sur le jardin japonais avec sa maison de thé du musée (hélas inaccessibles) :
Les vitres n'étaient pas très bien lavées, d'où la tâche en haut à droite sur les arbres ;). A noter que, comme la porte de l'ancienne demeure de Daimyo, cette maison de thé a été déplacée plusieurs fois avant d'atterrir finalement là. Visiblement les japonais aiment déplacer leurs bâtiments !

Le dernier bâtiment, le Honkan, est le principal :
Il est consacré au Japon et ses salles abritent des oeuvres d'art et autres objets permettant d'avoir un aperçu de la vie au travers des âges : épées, armures, estampes, costumes de théâtre, calligraphies, estampes, objet en laque, etc. Je cite le guide car ce bâtiment fera l'objet d'une prochaine visite : pour aujourd'hui, je m'arrêterai là : mine de rien j'aurai passé quatre heures au milieu des pièces archéologiques d'Asie et du Japon !

Je profite de ce post pour développer un peu sur le parc d'Ueno. J'ai quelques réticences à l'appeler "parc", car on ne peut nulle part se poser sur l'herbe, de grandes avenues goudronnées le traversent et mille et un bâtiments divers l'émaillent.
Photo sur la place centrale, avec sa fontaine (à l'arrêt ici ; après 10 minutes à attendre qu'elle redémarre, j'ai abandonné !) :
Cette place donne sur le Musée National de Tokyo derrière moi. Derrière les arbres, sur la gauche et sur la droite, des contre-allées desservent les multiples bâtiments présent dans ce parc : le Musée National des Sciences, visités quelques mois plus tôt par les parents d'Aurélien :
Le Musée Métropolitain de Tokyo, où j'avais été voir l'exposition sur Vermeer et l'école de Delft, et où j'avais pu expérimenter ce que je décrivais plus haut : attente de 30 minutes complètement compressés (il était pourtant 9h un dimanche matin !!), foule impressionnante rendant difficile la vue des tableaux, et impossible leur vue complète (à fortiori on ne pouvait rien apprécier dans ces conditions), et altercations entre 2 japonais (rarissime) !!
Photos de l'extérieur par reflet dans la sphère :
On trouve aussi le Musée National d'Art Occidental. Les collections permanentes sont sympas, avec un tableau de la plupart des grands maîtres européens. J'avais également beaucoup apprécié l'exposition temporaire très complète sur Hammershoi, peintre danois original du 19ième.
L'extérieur du musée compte plusieurs statues impressionnantes de notre Rodin national, que les visiteurs négligent pourtant totalement !
Les bourgeois de Calais :
Le penseur :
Adam :
La porte de l'enfer :
et Eve :
Le parc d'Ueno comporte un étang, sur la première partie duquel on peut louer pédalos et barques ; attention les mecs, faut s'être musclé avant, sinon on est sans cesse emporté par le courant vers les bords, et on n'a pas l'air malin devant sa dulcinée (on a pu constater ce phénomène quand on s'est baladé autour du lac l'année dernière)...
Sur l'autre moitié, la nature a libre cours, un peu trop car les grandes herbes ont tendance à envahir l'eau :
Ueno, c'est aussi le lieu de Tokyo où il y a le plus de sans abris qui s'y sont établis. Tous les jours, on peut les apercevoir regroupés pour la soupe populaire (le riz populaire ?), près du Musée National de Tokyo :
A Ueno, on tombe souvent sur de multiples artistes de rue : musiciens, magiciens, danseurs, marionnettistes,... :
Le zoo de Tokyo se trouve dans ce parc (cf. un autre post), mais le panda qui en a fait la renommée, lui, n'y est plus. Le zoo est divertissant, j'avais adoré les gorilles, si humain d'expression...
Enfin, Ueno c'est aussi les temples, et notamment le Tosho-gu qui a résisté à tout depuis des siècles (1651) : incendies, tremblement de terre, bombardements de WWII. C'est le cousin du Tosho-gu de Nikko : tous les deux ont été construits pour le fameux Tokugawa Ieyasu, grand guerrier ayant mis le point final à l'unification du Japon. Photos prises par les parents d'Aurélien :On peut visiter l'intérieur (chose rare), et aussi bien l'extérieur que l'intérieur témoignent de l'âge vénérable du temple ; on sent vraiment le poids des ans et l'odeur des siècles...

Près d'Ueno, on trouve également des rues marchandes bon marché : c'est le quartier de Tameyoko, avec notamment son marché sous les rails (les abords des rails sont souvent très animés ; à Ginza par exemple, se trouvent nombre de restaurants sous les rails).
Les photos sont également des parents d'Aurélien.

Poissons séchés, algues séchées, épices et biscuits apéro :
Poisson et autres habitants des mers :Autre stand de poissons :Stand de snacks japonais : saucisses, fèves de haricot verts,... :Autre stand de snacks : glace pilée parfumée, pains de riz fourrés à la viande, à la pâte de haricot, ou autres :Vue sur l'une des rues de Tameyoko ; sur le côté, sont représentés les pains de riz fourrés :Encore des poissons !Encore des poissons, cette fois-ci conservés dans un liquide en sachet :Gros plan sur un truc qu'on ne mange pas du tout en France :Epices et légumes séchés :Ce marché en plein air est vraiment vivant, mais déroutant : la moitié des produits, on ne saurait pas comment les préparer !!
Bien sûr, on y trouve aussi des vêtements et des chaussures bon marché, de l'électronique, des bijoux (de pacotille sans doute), et mille autres produits. Et ça change vraiment de l'atmosphère plus classe, impeccable des centres commerciaux traditionnels des beaux quartiers de Tokyo !

mercredi 6 mai 2009

2009-05-04 Matsumoto

Ce matin, nous avons décidé d'éviter de prendre le bus, et de rejoindre à pied les collines/montagnes avoisinantes pour y randonner jusqu'à un lac, le Misuzu-ko. Plutôt que de prendre le chemin de randonnée fléché, qui suit une petite route, nous prenons des sentiers et à chaque croisement nous prenons le chemin qui monte. Aurélien adore randonner ainsi, à l'aveugle, dans des sentiers à peine tracés, dans des paysages de forêts différents selon les endroits. A une pause hydratation, on tombe par hasard sur une sculpture en bois des fameux trois singes, posée sur une souche :
C'est assez mystique de voir cela en plein milieu de nulle part !

Arrivée à un premier lac, avec sans doute l'un des derniers cerisiers en fleur de Honshu :
Arrivée au lac Misuzu-ko :
Cherchez le pécheur !Un torii rouge au bord de l'eau :Fourbus de la journée de la veille, la randonnée d'aujourd'hui sera plus brève, ce qui nous laisse le temps de visiter le centre de Matsumoto.
La traditionnelle brochette de poissons en papier suspendus au-dessus de la rivière qui traverse le centre de Matsumoto :
L'animal fétiche du coin semble être la grenouille, que l'on croisera sur plusieurs affiches, et en statues :
Matsumoto possède une longue rue d'échoppes en bois, sorte de vieux centre, visible ici sur la droite de la rivière :
Matsumoto nous a semblé être la ville spécialiste de la queue : à plusieurs reprises nous avons croisé des queues impressionnantes devant des restaurants ou des cafés, alors que d'autres étaient à proximité avec des places disponibles :
Photo pour mon père : une énorme glycine en fleurs qui fait le tour du parking !
La vieille ville vue d'un pont plus en aval :
Et enfin, vous l'attendiez tous, le fameux chateau de Matsumoto !! C'est l'un des quatre (avec Himeji que l'on a déjà visité avec Sam) chateaux du Japon classés monuments nationaux, et il a la particularité d'être d'origine, soit 1593.
Photos sous presque tous les angles :
Et pour finir, direction le musée d'art de la ville pour découvrir quelques artistes japonais. L'entrée est détonante :
Certaines des expositions nous aurons déçu, mais d'autres nous auront plu, notamment une artiste s'appelant Yayoi Kusama dont les oeuvres sont des tableaux ou des installations.

C'est ainsi que s'est achevé notre séjour à Matsumoto, qui fut marqué par des repas du soir gargantuesques, des hôtes trop gentils, des futons hyper moelleux, deux très belles randonnées, un chateau au grand charme, assez peu de bouchons (le retour a été bouchonné, mais modérément seulement : au lieu de 3h12 de trajet nous avons mis 4h30), et des soirées tranquilles pour ne pas revenir au boulot plus fatigués qu'en partant !