dimanche 23 mai 2010

2010-04-20 Yunnan - Dali

Finalement, ce lundi 19, on se retrouve trois à pouvoir aller au Yunnan : Joseph, Aurélien et moi. Les trois autres mousquetaires arriveront samedi à Hong-Kong, et dimanche au Yunnan.
Malgré ces conditions modifiées, on va tenter d'en profiter un max !

En tous cas, lundi on se débrouille comme des chefs grâce à notre cher cantonnais : on sort de l'aéroport de Kunming, capitale du Yunnan, on arrive à trouver un distributeur qui marche (eh oui, c'est la Chine : celui dans l'aéroport ne marche pas...) tout en évitant les dizaines de vrais ou faux chauffeurs de taxi qui nous proposent leurs services.
Grâce ensuite aux infos des bus toujours efficaces du Lonely, on prend avec nos gros balluchons un bus direction Kunming centre. Circulation fluide sur des grandes autoroutes à la chinoise : c'est sûr, pour l'instant, on n'est pas encore dans la nature tant vantée du Yunnan (ce qui fait râler Aurélien) :)
Le bus nous dépose à proximité de la gare, proximité qui comme souvent en Chine signifie qu'on marche un temps certain avant d'arriver à destination, gare qui s'avère être du plus pur style communiste chinois : située au bout d'une énorme avenue, un bâtiment imposant, avec des statues qui se voient de loin, et des haut-parleurs dont sort une musique style "marche à la russe" (enfin, vous voyez le genre). Et je ne plaisante pas : tout cela est vrai !

Après quelques moments d'incertitudes quant à la file à choisir pour prendre nos billets de train (pourquoi y a-t-il trois files 10 fois plus courtes que les trente autres ?), on finit par les avoir, nos couchettes de train de nuit entre Kunming et Dali ! Bon, l'employée s'obstinait à nous répondre en anglais à notre chinois pourtant irréprochable ;), et il n'y avait plus de couchettes "molles", seulement des "dures", mais à la dure comme à la dure !

Comme on est trop forts, entre la sortie de l'avion et l'obtention de nos billets, ne s'est écoulée qu'une heure. Le train partant à 23h, on a des heures à tuer, alors nous voilà partis au hasard (bon, en fait on s'est à peu près limité à redescendre la grande avenue de la gare, dont est très loin d'avoir vu le bout), et après avoir testé des boissons à mi-chemin entre le soda et le jus de fruit, on s'est installé dans un resto qui avait l'unique avantage d'avoir des toilettes. Et quelles toilettes...
Le repas fut fort original, vu qu'on n'avait qu'une idée très vague de ce que l'on commandait. On pourrait même dire qu'en l'occurrence, avoir une vague idée revient à n'avoir strictement aucune idée de ce qu'on va déguster. Bilan mitigé : un plat très bon de poulet émincé & sorte de concombre, des légumes verts bouillis pas très enthousiasmants, une genre de pâte de riz gluant frite pas géniale, et des petits pains de riz sucrés en forme de shamallows servis avec une confiture de lait ou approchant, pas mal du tout.

Le temps finit par s'écouler, et nous revoilà à la gare, où il s'avère que les toilettes sont infréquentables : pas moyen de s'en approcher à 10 mètres. Du coup, vivement d'arriver à l'auberge demain matin...
On prend un peu peur en voyant la foule qui attend le train : on va vraiment tous rentrer dedans ?? ouh là là, les couchettes vont vraiment être serrées...
Finalement, on s'est tellement imaginé de scénarios, que la réalité s'avère tout à fait supportable : les couchettes ressemblent à ce que l'on peut avoir dans des trains de nuit SNCF (ce qui reste étroit pour les jambes d'Aurélien). Du tout se dégage une odeur de chaussettes immanquable, heureusement quelque peu atténuée par les fumeurs pas du tout dérangés par le panneau "interdit de fumer". Le train démarre, et les fenêtres étant ouvertes, les odeurs se dissipent. La lumière intense façon salle d'interrogatoire s'éteint assez tard, et la nuit déroule son cortège de sirènes de trains qui se répondent les unes aux autres ou s'évanouissent dans le silence. Quel tintamarre...
On se fait réveiller aux doux chants du "DAO LE !" ("on est arrivés") martelés par le responsable du wagon une bonne heure avant d'être effectivement arrivés. Comme on ne nous y prend pas, on reste sereinement dans le lit, ce qui nous vaut d'autres "DAO LE" spécialement à notre égard et à celui de Joseph qui garde consciencieusement la tête dans l'oreiller :)

Arrivés à la gare de Dali City, elle aussi très monumentale, on suit les indications données sur le site de l'auberge de jeunesse pour nous rendre à Dali Old City (ils indiquaient notamment d'éviter les taxis qui disent que l'auberge n'existe plus pour emmener les touristes crédules dans d'autres auberges qui filent une commission). Après un temps interminable de bus qui s'arrête toutes les deux minutes, ouf, on arrive à la porte nord de la vieille ville.
Et là, Aurélien déchante à nouveau : c'est quoi cette autoroute qui passe juste à côté ??? On vient pas en vacances pour aller dans un F1 juste à côté de l'autoroute ! Oui, mais, ce n'est pas quelle autoroute : c'est celle du Yunnan-Tibet ! Et elle n'est pas très fréquentée - heureusement car on doit la traverser pour aller de notre auberge de jeunesse au centre de la vieille ville :
L'horizon s'éclaire à notre arrivée à l'auberge : très beau bâtiment rénové mais d'architecture traditionnelle, chambres vastes et très propres, et salle de bain impeccable (le tout pour 6 euros par personne par nuit) !

Quelques mots sur le Yunnan : c'est une province chinoise, mais qui a été conquise assez tardivement, et qui a toujours eu un haut degré d'indépendance. La raison en est que le Yunnan est un plateau élevé avec pléthore de montagnes (Dali se trouve à 2000 mètres d'altitude), par conséquent assez difficile à conquérir par les armes. De plus, c'est à la marge du coeur de la civilisation chinoise située dans les plaines entourées par la mer à l'est et sur les autres côtés par les montagnes (dont celles du Yunnan). Le Yunnan était considéré comme tellement périphérique qu'il faisait partie des endroits où étaient exilés ceux qui échappaient à la peine de mort.
Du coup, les minorités y ont prospéré jusqu'à Mao, et même si le communisme a eu des impacts forts en terme de perte de culture et d'us (lui n'était pas effrayé par quelques montagnes, et la longue marche est passée par le Yunnan pour traverser le Yangtze), elles sont encore très visibles aujourd'hui. Le Yunnan compte un pourcentage très élevé des minorités recensées de Chine, et à Dali se trouvent les Bai. L'architecture, la nourriture, le dialecte, et sans doute la société, sont différentes de la Chine "centrale".

Place maintenant aux photos de la vieille ville, très touristique il faut bien le dire, mais bien conservée et rénovée. En ce qui me concerne, c'est la première fois que je vois une vieille ville aussi vaste ! A Beijing, ils ont bien rénové quelques rues et quelques quartiers de Hutong, mais ici à Dali, l'architecture Bai est très présente dans toute la province, pas uniquement dans quelques rues.

Une entrée de la vieille ville, avec un ruisseau aménagé à la chinoise comme ils savent si bien le faire :
Agréable promenade, où l'on voit une femme portant deux seaux à la chinoise :
Deux occidentaux hilares dans la vieille ville :
La rues des bars (témoin de l'intensité touristique), le long de l'eau :L'une des rues principales, avec la porte ouest au bout :
Musée de Dali, avec peu de choses à l'intérieur (des peintures), mais la résidence est intéressante, avec en plus en arrière plan les montagnes. Avant d'être un musée, c'était la résidence du chef de Dali, personnage important du royaume dont Dali était la capitale :
La place du marché comporte de belles demeures (habitations aux étages, boutiques au rez-de-chaussée), mais il faut avouer que les produits vendus sont manifestement à destination des touristes : écharpes, ponchos, bracelets de vraie ou fausse jade,... :
Les habits locaux et la forme des visages nous font penser, curieusement, aux Andes ou ce que l'on s'en imagine.

Déambulations dans les rues, très longues :
Rue transversale moins animée :
Jolie place à la chinoise :Ah ! voilà un vrai marché, par les locaux pour les locaux : fruits, légumes, viandes, poisson, volailles vivantes, le tout dégageant les odeurs vraies qui ont disparu de nos supermarchés (et c'est pas plus mal :)) :
Retour vers l'air frais, mais dans une moindre animation :
L'église de la ville :
Je retrouve les arbres dont le bas du tronc est peint en blanc (cela m'avait étonnée à Beijing) :
L'eau est très présente, elle court dans de petits canaux ombragés le long des rues :Vue sur la porte nord et les montagnes alentours :
Petite allée plaisante, tout en pierre :
On tombe par hasard sur un autre marché, bien plus vaste, où l'animation est grande, et les odeurs nous font regretter les chaussettes du train ! Pas étonnant : les volailles sont égorgées sur place, des filets de sang se mêlent au sol de terre, plus loin, les volailles vivantes font leur tapage, les humains marchandent et racolent, les bouchers utilisent leurs grands couteaux, etc. Fascinant ! même si il faut bien avouer que l'on aurait du mal à acheter ici quoi que soit étant donnés les standards d'hygiène que la société a bien ancrés en nous.
L'une des portes du marché :
Le marché :Retour aux rues plus touristiques :
On dirait une scène de théâtre traditionnel, mais le soir c'est plutôt le karaoke qui s'y joue :)Les belles façades s'enchaînent :
Endroit complètement refait à neuf, avec écran plats et statue de poisson tournante :

Après avoir bien arpenté les rues et avoir testé la cuisine Bai au repas de midi dans l'un des petits restos chinois (ceux qui ne proposent pas sur le menu pizza, burger et autres occidentalités), il est temps de sortir de la ville et de partir à la découverte de la campagne environnante à vélo ! Après location de vélos (même pas négociée car 1 euros la journée nous paraît honnête), direction le sud vers le lac. Car Dali est dans une vallée entourée de montagnes avec le grand lac Erhai en son centre.

Après avoir fait un peu de VTT dans des chemins non carrossables passant entre les champs où s'activent les paysans, on entre dans un village, à environ 3km de Dali, qui semble hors du temps. On a vraiment l'impression d'être passé au 17ième siècle en l'espace de quelques km ; il est difficile de préciser ce qui exactement donne cette impression, mais elle est vive.
Cette traversée du village m'a bien scotchée.

On arrive ensuite au lac, et on s'embarque dans un bateau pour nous rendre de l'autre côté où a priori on pourra faire du vélo en longeant le lac. Après négociations car le prix affiché est vraiment délirant (15 euros par personne !!! on l'a ramené à 5 euros, et on s'est sans doute encore fait bien avoir), nous voilà en bateau :
En fait, le bateau nous amène au débarcadère d'un temple, et des guides touristiques en habit traditionnel commencent la visite. On laisse les chinois à ces explications et on part à la recherche de la sortie pour aller sur la route longeant le lac. Problèmes : visiblement le dernier bateau repart dans 3/4h, et la route n'est accessible que par des longs escaliers, et semble plutôt être une route de chantier qu'autre chose. Du coup, on se dégonfle, et on laisse nos vélos en bas de la côte.
Vue du haut du temple :
L'heure venue, on repart au bateau, et on n'a qu'une hâte : rentrer sur Dali et oublier cette arnaque touristique. On se défoule oralement sur les auteurs du LP qui conseillaient ce tour à vélo et ces temples, pourtant à moitié en construction, pas très grands, et avec pleins de stands pour faire diminuer le portefeuille des visiteurs. Les ennuis continuent, car en fait on partira bien plus tard que 3/4h après puisque on aura attendu pour des prunes que trois passagers reviennent. C'est une autre passagère, chinoise, qui a finit par expliquer au conducteur que ça suffisait, qu'on avait assez attendu comme ça !
On rencontre des hollandais qui ont eux aussi fait ce tour, mais étant partis plus tôt, ils ont monté les vélos en haut des marches, et ont fait le tour à vélo sur la route longeant le lac. A priori leurs bras ont bien musclé car la route est peu carrossable.

Pour finir la journée, on décide de remonter vers les trois pagodes, symbole de Dali :
Derrière ces trois pagodes on aperçoit un temple, qui fut autrefois très important pour la propagation du bouddhisme de l'Inde vers la Chine (grâce à l'autoroute du Yunnan-Tibet peut-être, lol, non en fait grâce à la route de la soie, des chevaux et du thé, qui se rejoignent au Yunnan).
L'allée menant au temple est impressionnante : elle fait 4km de long, montant du lac jusqu'à l'entrée principale (hélas elle sert aujourd'hui de route) :

Ce tour a vélo nous a montré aussi une face moins reluisante de la Chine : la saleté ! Le centre touristique est propre, mais la campagne alentour est très rapidement constellée de déchets et à certains endroits les détritus s'amoncellent. Je n'avais pas eu la même sensation à Beijing, mais ici c'est flagrant et même choquant.

Avant de rentrer à l'auberge, la majorité décide de, en guise de goûter, tester le fameux thé au beurre de yak. Pour ce faire, après avoir refusé maintes fois de la ganja (visiblement sorte de drogue tibétaine, ne figurant pas sur les menus mais proposée uniquement à l'oral et à voix peu forte), on entre dans un resto tibétain, et on commande un pichet entier (!) de thé au beurre de yak. Dure épreuve, que personnellement je ne relève pas : après deux gorgées épiques qui me donnent la nausée, je m'avoue vaincue à plate couture. Par contre, les deux hommes de l'histoire affrontent le défi de belle manière : le pichet sera vidé !! Bel effort (j'ai encore le goût rance en mémoire)...

Après une bonne douche à l'auberge, au menu du repas du soir dans un petit resto local (au menu pourtant traduit en anglais) : émincé de poulet aux fleurs excellent (la cuisine Bai fait la part belle aux fleurs), hot pot de poisson du lac Erhai (décevant), poulet aux champignons, brocolis aux poivrons et à l'ail, plâtrée de riz, et un autre plat de légumes (peut-être pousses de bambous) :
On échappe aux dames qui nous proposent encore et toujours de la ganja, et on finit tranquillement la soirée dans les rues joliment illuminées de Dali :

Première journée bien chinoise, avec des hauts et des bas : train de nuit mémorable avec ses sirènes en pleine nuit au milieu de nulle part et le réveil au son du "DAO LE", puis vieille ville qui me plaît beaucoup, même si c'est un peu trop touristique, sortie à vélo valant le coup par le village traversé, mais arnaque du bateau et du temple de l'autre côté du lac Erhai.

L'architecture vaut le détour : elle fait la part belle aux peintures de paysages à la chinoise et à la calligraphie (sur les portes, les frontons, ...) ; les portes en bois sont très ouvragées, les toits sont incurvés, etc., et le tout fait un bel ensemble.
Par contre, ce que l'on voit de l'intérieur des maisons reste relativement pauvre, les personnes âgées ou semi-âgées sont très ridées, marchent courbées (sous le poids des fardeaux que l'on voit encore être portés à dos d'humain, et cela devait sans doute être encore pire avant), ont des habits qui ne font pas très neufs- même si la coiffe traditionnelle rehausse en couleur le tout. Les jeunes ont par contre un niveau de vie bien meilleur que leurs aînés, et certains ne rougiraient pas devant les japonais tellement à la mode !

Que dire de la saleté des campagnes... invraisemblable.

La cuisine Bai est très chinoise, mais avec des spécificités qui l'en démarquent tout de même ; en tous cas, on apprécie ! (et quelle vitesse de service !)

L'anglais est assez présent, beaucoup plus que je ne me l'imaginais, et c'est très agréable pour commander au resto !

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