vendredi 31 juillet 2009

2009-07-30 Kairaku-en

Aujourd'hui jeudi, j'ai pris une journée de congé et mon courage à deux mains pour subir 2h30 de transport (soit 5 dans la journée !) puis découvrir l'un des trois plus beaux jardins du Japon : le Kairaku-en à Mito. Je précise que pour une fois ce classement ne provient pas mon éternel guide le Lonely Planet, mais directement du gouvernement japonais ! En effet, il est officiel que les trois plus beaux jardins japonais sont le Kairaku-en à Mito, le Koraku-en à Okayama et le Kenroku-en à Kanazawa, que les trois plus beaux paysages sont à Matsushima (baie aux îles aux pins), à Miyajima (temple sur pilotis et torii dans la mer intérieure du Japon) et Amanohashidate (dunes de sable). Les objets d'art japonais sont, eux, classés en "trésor national", "bien culturel important", etc, et j'imagine qu'il doit y avoir des classements pour plein d'autres catégories.

Direction donc l'un des trois plus beaux jardins du Japon, celui le plus proche de Tokyo. Son nom (Kairaku-en) signifie "jardin à partager entre amis" (c'est concis, le japonais, n'est-ce pas?).
Après le train, je débarque à Mito où, pour une fois le Lonely Planet a failli dans ses indications en confondant les gares, les bus et les trajets à pieds ! Qu'à cela ne tienne, un employé de gare me remet sur le droit chemin en moins de 2 (à ceci près que j'ai toujours pas compris pourquoi il m'a mentionné une "gare temporaire"), et j'aborde le chemin qui mène de la gare au jardin en toute sérénité, sérénité favorisée par la vue tout au long de la balade : Comme le jardin Kairaku-en se trouve à l'autre extrémité du lac, je parcours toute la longueur du chemin entre le lac, Senba-ko, et la rivière, Sakura-gawa - quelle originalité dans le nom !- (qui soit dit en passant devient un énorme fleuve quelques kilomètres après). Ce chemin est très agréable et visiblement apprécié par les nombreux coureurs et "marcheurs-vite" qui l'arpentent, aidés par les bornes "centaine-de-métriques" disposées tous les 500 mètres:
Vue à nouveau sur le lac :
Après une bonne demi-heure sous un soleil ardent, j'arrive au parc, et là bonheur : je suis quasiment seule !! Dans toute la demi-journée je ne croiserai pas plus de 10 personnes dont une famille de 4.

Et c'est parti pour les photos (je vous épargne les 80, quoiqu'elles soient toutes à peu près réussies grâce au beau temps permanent!) :
Un commentaire s'impose : ce point de vue sur la campagne est ombragé par un pin (symbole royal au Japon), et la pierre est en réalité un plateau de jeu d'échecs japonais. Pas mal comme coin pour jouer aux échecs !
Vu que le soleil s'acharne à taper, direction les arbres pour un peu de répit :
Le Kobun-tei, ancienne résidence du seigneur du coin (très haut gradé car appartenant à la famille qui a régné entre 1600 et 1868) :
Sur cette pierre est gravé un Haiku, les fameux poèmes japonais en 17 vers, évoquant nécessairement un élément de la nature, et étant divisé en deux sous-partie : le contexte et la sensation/événement. Le plus illustre auteur est Basho, illustre parmi les illustres au Japon. Sur la pierre ci-dessous est écrit un Haiku ayant pour thème le Kairaku-en :
Une cascade :
On arrive dans une partie vraiment très réussie de ce jardin, je vous laisse admirer :
Puis on passe à l'étang de nénuphars, et pour la première fois je les vois en fleurs !
(en avant plan ce sont des hortensias, encore en fleurs fin juillet !)
L'ancien moulin, avec son toit typique :
Je repasse dans la partie "forêt" pour rejoindre l'autre côté du Kairaku-en :
Les bambous, toujours par groupe et jamais isolés. D'ailleurs, est-ce une constante: les bambous ont-ils l'instinct hautement grégaire, ou juste une coïncidence (bien qu'à chaque fois que j'en vois ils soient en bosquet) ?L'une des portes du jardin :
Et là, c'est très impressionnant, c'est la partie "pruniers", et il y en a par milliers !! (littéralement : la carte du parc mentionne 3000 arbres plantés) J'ai vraiment l'impression d'un labyrinthe de pruniers...
Ce qui explique que les échoppes devant l'entrée du parc vendent plein d'articles "à la prune": gâteaux et biscuits fourrés ou goût prune, thé à la prune, alcool à la prune, café goût prune, glace à la prune, etc. Vu que le soleil persiste à être brûlant et pour tester la spécialité du coin, je me désaltère d'une glace à la prune. Je précise que, au Japon, une glace couleur rose n'est que rarement une glace à la fraise (contrairement à nos attentes d'occidentaux). En général ce sera une glace à la patate douce, et parfois une glace Sakura (cerisier du Japon, tendant plutôt vers le goût fleur/rose que vers le goût cerise ou amarena de nos vendeurs de glace). De même, une glace de couleur verte ne sera jamais (et je l'ai appris à mes dépends) à la pistache, mais bel et bien au thé vert. De façon analogue, une glace couleur verte et rose sera thé vert / patate douce et non pistache / fraise !

Retour au parc pour la poursuite de la visite, et comme je me suis tartinée de crème solaire, je sue la crème solaire...sérieusement, je crois que je n'ai jamais autant transpiré, sans faire de sport, que ce jour-là.
Vue sur le lac :
Place devant l'entrée du pavillon d'habitation :Entrée de la résidence :
Allée menant de l'entrée aux habitations :
Jardin intérieur et pavillon toutes baies ouvertes :
Intérieur de la demeure, avec cette fameuse modularité des habitations japonaises où, en ouvrant tous les panneaux coulissants on arrive à créer des espaces énormes :
Panoramas sur la campagne environnante dont on profite de l'étage :
Et sur le jardin et le lac :
Dernière étape : la forêt de cèdres majestueux (autre arbre noble au Japon) :
Annexe : sous ce soleil de plomb (il est difficile de marteler assez ce point), la promenade a été rendue très agréable par les fontaines d'eau potable disposées très régulièrement dans le Kairaku-en, et j'ai régulièrement profité de leurs services. De plus, le robinet n'étant pas de la même technologie qu'en France, en l'utilisant je me suis plusieurs fois aspergé involontairement le visage, ce qui n'était nullement malvenu par - l'ai-je évoqué ?- la torride chaleur du jour.
La visite se termine par le joli chemin entre le lac et la rivière, dans l'autre sens cette fois-ci, avec le parapluie en guise d'ombrelle, et tant pis pour le look, la chaleur est trop intense !
La photo ci-dessous permet d'évoquer deux caractéristiques du Japon :
1- le temps change très vite ; en effet, cette photo a été prise une demi-heure après la précédente, et le ciel a tourné au gris sombre. Il pleut beaucoup au Japon, mais comme c'est toujours alterné avec de belles journées, cela fait que l'on a moins sensation qu'il pleut.
2- quand on sort d'une gare au Japon, toujours se retourner avant de partir droit devant vers la ville ou le bus, histoire de voir à quoi ressemble l'endroit. Sinon, on risque de ne pas retrouver l'entrée de la gare !
J'ai beaucoup apprécié le Kairaku-en, surtout dans la quiétude de ce jeudi après-midi d'été où j'avais le jardin quasiment pour moi toute seule (les sites touristiques au Japon sont toujours assez bondés, donc c'est agréable et inattendu quand ce n'est pas le cas !). Par contre, à éviter a priori en février et mars, lors de la floraison des pruniers, car la foule s'y presse, à tel point qu'ils affrètent des trains spéciaux de Tokyo pour amener les visiteurs au pied du jardin et leur éviter ainsi la bonne demi-heure de marche le long du lac, pourtant agréable.

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